Côte d’Ivoire : PTUA, le laboratoire du faux de l’Ageroute

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un cerveau bien rodé sévit dans la boite

                           

Abidjan le 19 Mars 2025 – Comme quelqu’un qui se noie, il tente désespérément de s’accrocher à tout ce qu’il trouve à sa portée. Et c’est cette réalité de l’instinct de survie qu’est aujourd’hui confrontée la Cellule de Coordination du Projet du Transport Urbain d’Abidjan (CC-PTUA). 

En effet, trimbalés devant les tribunaux par des victimes du projet de la voie Y4, du 4è pont et de la voie de dédouanement de la route de Dabou, les dirigeants de la cellule ne manquent pas d’ingéniosité pour contrer les victimes qui attendent toujours leur indemnisation. Ils sont au laboratoire en permanence pour concocter toutes les formules nécessaires, fabriquer du faux afin de venir à bout des difficultés qu’ils ne cessent, eux-mêmes, de créer chaque jour dans la gestion des indemnisations des victimes. L’objet de tout ça vise simplement à garder par devers eux ou à parvenir à faire des ponctions considérables sur les indemnisations prévues pour les victimes.

Premier élément du faux

Les affaires Keita, feue Diomandé Maimouna et Haidar, pour ne citer que ces trois cas, illustrent parfaitement quelques manœuvres suspectant la CC-PTUA de vouloir dépouiller les victimes du peu qu’elles ont pour subsister.

En effet, alors qu’un litige opposait un certain Kéita à dame Tanoh N’Guetta Adrienne sur un terrain bâti, contre toute attente, la CC-PTUA tranche en faveur de cette dernière. Et lui offre le bénéfice du gain. Plus tard, ayant gagné son procès, le Sieur Kéita se rend à la cellule avec une grosse pour faire valoir ce que de droit. Et là, il découvre le pot-au-rose. Dame Tanoh a déjà encaisse le pactole avec la complicité de certainement quelqu’un de la boîte. Que s’est-il donc passé pour que, sans attendre la décision de justice, la CC-PTUA puisse juger judicieux de donner le bénéfice de l’indemnisation à dame Tanoh ? Une équation soumise au tribunal de première instance d’Abidjan Plateau qui tente de la démêler.    

Ainsi, le 16 novembre 2024, le tribunal de première instance d’Abidjan plateau a entamé une série d’auditions d’employés de la cellule de coordination du Ptua dans cette plainte portée par le nommé Keita contre l’Ageroute.

Selon un proche du plaignant, la CC-PTUA lui aurait affirmé que c’est sur présentation de la grosse en la possession de dame Tanoh que la structure du coordinateur Diarrassouba lui a payé l’indemnisation du bâtiment litigieux. Mais devant le juge, c’est plutôt une ordonnance de suspension de travaux qui est brandi par la CC-PTUA. Et c’est sur la base de ce document que la cellule a payé. Des cadres d’un service aussi important, doté d’un service juridique, ne savent-ils plus faire la différence entre une ordonnance de suspension de travaux et une grosse ?

Deuxième élément du faux.

Le cas feue Diomandé Maimouna dont le fils unique, Noel Fae, court depuis 2021 derrière l’indemnisation, interpelle également. Alors que l’intéressé dit avoir été contacté par le cellule, une semaine après le décès de sa mère pour l’inviter à venir recevoir son gain, il n’a aucune certitude à ce jour de pouvoir encaisser ce qui lui revient de droit. « Ma mère dont je suis l’unique enfant vient de nous quitter, il y a à peine une semaine », aurait-il répondu à son interlocuteur au bout du fil. « Mais après, vous pouvez passer pour remplir les formalités pour les ayants droits afin de percevoir ce qui vous revient de droit », aurait ajouté son interlocuteur, juste après lui avoir présenté ses condoléances. Et depuis, nonobstant toute la paperasse exigées et fournies, aucune lisibilité dans cette affaire qui semble avoir pris une autre destination comme celui du cas Kéita. Car tantôt on soutient que feue Diomandé Maimouna a déjà encaissé son dû, tantôt on avance que son bâtiment n’a pas été démoli et donc ne peut être indemnisé. Le bâtiment étant isolé au milieu des décombres est hors d’usage. Pourtant, la procédure de mise en œuvre de ce projet étant de procéder à l’indemnisation avant démolition, que se passerait-il si feue Dimandé Maimouna, recensée en 2016 dans ce programme et bien d’autres déclarés impactés avaient encaissé leur gain ? Et, c’est fort de cela que le coordonnateur indiquait que tous ceux qui ont été recensés et qui n’ont pas reçu de notification les informant de ce que leur bien n’est plus impacté par le projet, sont pris en compte dans le processus d’indemnisation.

Troisième élément faux   

Le cas Haidar ! Ici encore, tous les ingrédients d’une supercherie semblent réunis pour exproprier un individu de ses biens. Sur un coup de tête avec pour seul argument ‘‘c’est l’Etat qui est fort’’, les bâtiments de monsieur Haidar Hussein qui abritaient un centre commercial, une boulangerie et des habitations tombent sous l’action des Caterpillar de l’Ageroute. Aucune disposition préalable n’a été prise pour évaluer le préjudice. Or l’intéressé devait être d’abord indemniser comme le stipule les clauses du financement des projets soutenus par la Banque Africaine du Développement en faveur des pays africains.

Jugeant le montant de l’indemnisation à lui proposer largement en deçà de ses investissements, monsieur Haidar qui avait la possibilité de décliner l’offre mais aussi d’engager une contre-expertises de son bien, a enrôlé un cabinet qui en a fait l’étude. Le document est alors soumis à la CC-PTUA qui l’a froissé et juté à la poubelle arguant toujours que ‘‘c’est l’Etat qui est fort’’ et que monsieur Haidar gagnerait d’accepter les propositions à lui faite sinon, c’est lui qui perdra. Oui, certes la puissance publique est incontestable !, Mais l’État ne l’est en réalité que lorsqu’il respecte les lois qu’il a lui-même éditées. Et en la matière, ici l’État devra prouver à travers des preuves, notamment les PV de démolition des biens de ses populations, l’évolution faite au Préalable avant d’engager les destructions. Ça, l’Ageroute, son conseil juridique et les responsables en charge de l’animation de la cellule de coordination du projet de transport urbain d’Abidjan devraient le savoir. Sinon ils condamnent l’État à payer plus qu’il n’en faut. Des dommages qu’on aurait pu éviter si un travail professionnel et consciencieux avait été fait en amont. Mais que non ! Aveuglé par l’arrogance et la suffisance, ces employés de la CC-PTUA vont augmenter les dépenses de l’Etat sur un projet prévu pour être exécuter en seulement 5 ans mais qui court jusque-là encore (2016-2025).  

L’affaire Haidar est portée devant le tribunal. Et là encore, l’on découvre le génie des cadres de premier rang de cette boite (CC-PTUA). Comme par enchantement, la défense verse à son dossier au tribunal une évaluation faite par un cabinet d’étude du préjudice causé aux biens du Sieur Haidar. Mais un crime n’étant toujours pas parfait, le document présente quelques insuffisances. Il ne porte pas l’entête ni le logo du cabinet de cette étude permettant de l’authentifier. De plus, les images, dans un désordre occupe l’espace sans le moindre commentaire ni légende permettant de comprendre ce document qu’on peut, sans se gêner, qualifier de ‘‘chiffons’’. Et c’est ce document que l’on présente au juge en charge de l’affaire.

Pour situer les responsabilités sur cette affaire, le Réseau des Journalistes Engagés contre la Corruption et l’Injustice (RJECI) qui suit de très près ce dossier a adressé plusieurs correspondances à la CC-PTUA pour demander un certain nombre de documents, notamment les PV de démolition afin de pouvoir apprécier l’ampleur du dommage causé au Sieur Haidar et bien d’autres impactés par le projet. A ce jour, toutes ses correspondances sont restées sans suite. Devant ce braquage, du moins le refus de la Cc-Ptua de communiquer les documents demander et à l’analyse des actes des cadres de cette structure, il ne fait l’ombre d’aucun doute, qu’il existe un réseau au sein de la boite qui se fait payer à la place des vrais impactés.    

« Dans le cadre des travaux du PTUA, plusieurs propriétaires fonciers ont été impactés. Pendant le traitement de leurs dossiers, des anomalies ont été constatées, notamment des cas de superposition de superficies. Dans le souci donc d’éviter les erreurs en indemnisant des personnes n’ayant pas le droit ou en indemnisant la même superficie plusieurs fois, la CC-PTUA a décidé de suspendre le processus d’indemnisation des Propriétaires Fonciers en Juin 2023 de procéder à des vérifications. A cet effet, un cabinet de Géomètre indépendant a été sollicité pour réaliser cette mission de vérification des parcelles.

Pour la réalisation de cette mission de vérification, tous les propriétaires du foncier ont été informés et chacun a été invité à se présenter sur sa parcelle avec les documents du terrain, suivant un calendrier élaboré de concert avec le Cabinet d’Experts Géomètre. Cette mission de vérification concerne tous les sites du PTUA », indiquait la cellule dans sa note de précision adressée à artici.info après sa publication en mars 2024 intitulée : « Côte d’Ivoire : la BAD finance des projets de destruction des populations ».

Alors question ? Comment fonctionne le service informatique pour qu’elle ne puisse pas filtrer les actes déjà enregistrés alors même que la cellule dit avoir suspendu les paiements pour un contrôle rigoureux ? Serait-il lui-même à l’origine d’un tel dysfonctionnement, peut-être, bien pensé ? Mais à quel but ? À la lumière des faits qui s’enchaînent, tout porte à croire l’existence d’une organisation bien montée au sein de la boîte qui pompe les sous des victimes. En effet, on a pu payer deux fois certains dossiers mais pour d’autres, on a pu se rendre compte qu’on a déjà réglé. Quel dispositif a-t-on donc mis en place et qui a permis de se rendre compte que les cas Keita et Fae, ces vrais bénéficiaires, ont déjà été payés à d’autres personnes et sur présentation de quels documents attestant que les personnes qui ont reçu le gain en sont les vrais bénéficiaires ? S’il n’y a pas eu de complicité, eh bien c’est que le service informatique contient des failles.

Pour toutes ces manœuvres qui ont court dans cette structure, le RJECI invite la Cour des Comptes à y jeter un coup d’œil en procédant à un audit. Car il n’est pas surprenant que les responsables aient pompé les sous des victimes ou utilisés ces centaines de milliards FCFA dans des placements afin d’en tirer de gros profits. Une activité illégale qui retarde le processus d’indemnisation et cause d’énormes préjudices aussi bien aux victimes qu’à l’Etat qui aura certainement à faire face à des surcoûts à titre de dommage et intérêt qu’il pourrait payer aux victimes.

Jules Eugène N’DA

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